Définir ce qu’est la science-fiction est un exercice périlleux, tant ce genre initialement littéraire s’avère aussi vaste, complexe et diversifié, que les univers lointains décrits par ses auteurs. On peut néanmoins affirmer que la science-fiction aime à se présenter en alternative (effrayante ou radieuse) de notre contemporanéité, ou proposer des récits se déroulant dans des mondes et époques, nous étant parfaitement inconnus. La critique sociale et l’interrogation de la notion d’humanité sont des thèmes récurrents.
Du roman au petit écran
Née au 19e siècle, la littérature de science-fiction se développe dans une époque d’industrialisation massive et de triomphe de la pensée scientifique. Jules Vernes et Herbet George Wells en seront des auteurs représentatifs. Le genre conquiert vite l’ensemble du monde occidental, jouissant d’une production foisonnante. Mal considérée par la critique, la science-fiction bénéficie néanmoins d’un succès public important.
Rien d’étonnant donc, à ce que le genre s’exporte rapidement sur grand et petit écran. Dès ses débuts, la télévision sautera le pas. Ainsi en 1949 Captain video, le premier feuilleton télévisuel de science-fiction, envahira le petit écran américain. Savants fous, robots en carton-pâte, et pistolets lasers qui font « Piou! Piou! », sont au rendez-vous. Ainsi que 3,5 millions de spectateurs...
L’âge d’or
Face à ce succès, les producteurs n’hésitent pas à investir dans le domaine. Pour conquérir enfants comme adultes, des budgets importants et des scénarios travaillés seront mobilisés. Cela sera une aubaine pour tout un bataillon d’auteurs, connus ou non, s’attelant à des récits toujours plus inventifs. C’est par exemple le cas de la série La quatrième dimension (1959-1964), qui compte les renommés Ray Bradbury (Fahrenheit 451) et Richard Matheson (Je suis une légende) parmi les collaborateurs.
Les années 60 donneront naissance à une flopée de séries prestigieuses. Considérée comme l’âge d’or des séries télé de science-fiction, cette première vague est caractérisée par des œuvres jouant plus sur l’implicite que l’explicite. En effet, ces séries miseront moins sur la carte de l’action, de l’exubérance visuelle et des effets spéciaux, que celle des scénarios surprenants, des ambiances étranges, et des chutes déroutantes. La plupart se déroulent sur terre et comportent des accents dystopiques. Au-delà du réel (1963-1965), Le prisonnier (1967-1968), Les envahisseurs (1967-1968), en sont des bons exemples.
Star Trek : Des nouvelles perspectives
Parallèlement à cette production intellectualisée, la fin des années 60 voit l’apparition d’une science-fiction télévisuelle d’un genre nouveau : Celle des aventures intergalactiques. Star Trek (1966-1969 pour la série originelle) en est l’exemple le plus éloquent.
Et Star Wars arriva...
Les années 70 signent la stagnation du genre. Il faudra attendre 1977 avec la sortie du premier Star Wars, pour redonner un coup de fouet à la science-fiction télévisuelle. Très influencées par l’œuvre de George Lucas, les principales séries de la décennie suivante vont miser sur le grand spectacle, et une affirmation de leur identité futuriste. On pense à Galactica (1978-1979), Star Trek : La nouvelle génération (1987-1994), V (1983-1985). Ces séries connaîtront, via de nombreuses suites, une longévité étendue.
Années 90/ Années 2000 : Des beaux succès au déclin
Les années 90 comptent des séries populaires et innovantes, qui imprégneront durablement le paysage culturel télévisuel. C’est principalement le cas de X-Files (Depuis 1993), mélangeant le polar à la science-fiction. Et également de Stargate SG-1 (1997-2007), narrant les aventures interplanétaires d’une escouade de l’armée américaine.
Pourtant, la science-fiction tombera à plat dans les années 2000. La redondance du genre a fini par lasser les téléspectateurs, qui semblent lui préférer l’horreur et le fantastique. Et face aux coûts de production, les investisseurs se montrent de plus en plus frileux.
Années 2010 : Le grand recyclage
Les années 2010 donnent un second souffle au genre, bénéficiant des investissements conséquents, du ton décomplexé, et des intrigues approfondies propres aux séries actuelles. Le public est redevenu demandeur, et nombre d’œuvres de science-fiction (Stanger Things, Westworld) figurent parmi les séries les plus côtées du moment.
Néanmoins, il semble difficile de parler d’un véritable renouveau car beaucoup de ces séries s’inscrivent dans la continuité d’un univers connu. C’est le cas de Westworld (depuis 2016), reprenant la trame d’un film sorti en 1973. Ou encore de Stanger Things (depuis 2016), s’inspirant fortement des œuvres de Stephen King et de Steven Spielberg.
Mais la particularité de ces œuvres est qu’elles arrivent à créer un pont entre les deux grandes traditions de la science-fiction télévisuelle. Le grand spectacle s’allie à une scénarisation soignée et déroutante, pour le plus grand plaisir des spectateurs. Ce qui n’est pas, sans susciter des vocations. En effet depuis cette année, la France, pays assez avare quant à ce type de production, a réalisé sa série à succès. Mission décrit un voyage sur Mars virant à la catastrophe etsemble unanimement prometteuse.
Références à découvrir:
X-Files
Chris Carter
11 saisons (Depuis 1993)
Du thème musical au nom des protagonistes, tout est culte dans cette série phare. On y suit les enquêtes peu ordinaires de deux agents du FBI, en proie à toutes sortes de phénomènes paranormaux. Ces derniers étant révélateurs d’une présence extraterrestre sur terre.
Battlestar galactica
Donald D. Moore
4 saisons (2004 -2009)
Réinterprétation contemporaine de la série Galactica (Diffusée en 1978), Battlestar Galactica narre la fuite en avant d’une humanité éloignée. Traquée par les cylons, d’abominables robots tueurs qu’ils avaient conçus à des fins militaires, cette communauté pense trouver son salut en rejoignant une mystérieuse planète : La Terre...
Stanger things
Matt et Ross Duffer
2 saisons (Depuis 2016)
C’est l’une des séries les plus en vogue du moment. On y suit les péripéties des habitants d’une petite ville de l’Indiana, où des événements étranges, voir surnaturels, sont à l’œuvre.
Le point de départ étant la disparition mystérieuse d’un jeune garçon.
Real Humans
Lars Lundström
2 saisons (2012-2014)
Les stars de cette série suédoise sont des androïdes, dont l’apparition dans la société a bouleversé les rapports sociaux. Ouvriers, domestiques, ou partenaires sexuels, les robots sont tour à tour objets de répulsion et d’admiration. D’autant que certains d’entre eux commencent à acquérir une conscience...
Stargate SG-1
Jonathan Glassner, Brad Wright
10 saisons (1997-2007)
Encore une série culte, qui aura bénéficié d’une large base de fans et d’une longévité étendue. On y suit les péripéties mouvementées d’une escouade de l’armée américaine, passant d’un monde à l’autre grâce à un portail intersidéral.
Rapidement, ils seront confrontés à l’empire goa’uld, d’infâmes extraterrestres parasites.
Doctor Who
Sydney Newman, Donald Wilson
10 saisons (Depuis 2005)
Véritable institution au Royaume Uni, Doctor Who captive les sujets de sa Majesté depuis 1963. Ce qui en fait la plus longue série de science-fiction toujours en cours. Cette version contemporaine ne déroge pas à la recette qui a donné à l’œuvre ses lettres de noblesses : au programme voyages inter-dimensionnels et inter-temporels, créatures et extraterrestres en pagaille et humour so british.
La quatrième dimension
Rod Serling
5 saisons (1959 – 1964)
Considérée comme l’une des plus grandes séries de l’histoire de la télévision, La quatrième dimension continue encore d' exercer son influence aujourd’hui. Composée d’un ensemble d’épisodes indépendants les uns des autres, la série explore les domaines de l’inconnu, de l’étrange, et du malaise.
Focus : Westworld
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Westworld
Jonathan Nolan
1 saison (Depuis 2016)
C’est l’une des séries les plus côtées actuellement. Son chiffre d’audience (1,83 millions de spectateurs hebdomadaires) surpasse celui de Game of Thrones. La série se base sur l’intrigue du film éponyme (sorti en 1973 en France sous le titre Mondwest, on y croisait un Yul Brynner terrifiant). Imaginons un immense parc d’attractions pour adultes où le Far West serait reconstitué et où des androïdes seraient les principaux protagonistes. La non-humanité de ces figurants permet aux touristes d’assouvir leurs fantasmes les plus inavouables et violents. Et ce, jusqu’au jour où les machines se dérèglent, et décident de rééquilibrer la balance...