Héritiers directs des figures de la mythologie grecque et des personnages emblématiques du roman feuilleton, les supers héros modernes se sont durablement imposés dans la culture populaire. Dotés de pouvoirs et de capacités hors du commun, affublés de costumes distincts et bénéficiant généralement d’une identité secrète, ces justiciers d’un genre nouveau voient le jour dans l’Amérique des années 30. D’abord via la bande dessinée (dit« Comics » Outre-Atlantique), qui donne naissance en 1938 au premier super héros moderne : Superman. Les vannes étant ouvertes, une flopée de super-héros apparaît. Rapidement, leurs péripéties sont déclinées dans des expressions artistiques aussi diverses que des feuilletons radiophoniques, des sérials, des dessins animés et enfin des séries télévisées.

superheros

 

 

Des sérials à la série télé : les débuts difficiles


Les premières apparitions audiovisuelles de super-héros se font dans un contexte particulièrement tendu. En effet dans cette ère de Maccarthysme triomphant qu’est le début des années 50, les comics sont accusés de tous les maux : perversion de la jeunesse, vulgarité, incitation au crime et à la consommation de drogues et facteur d’avilissement mental. Les ventes en sont fortement impactées. Cela poussera nos héros costumés à entrer d’abord par la petite porte du cinéma, via les sérials : des films à budgets et à durées limitées, pullulant dans les nombreux cinémas de quartiers des grandes villes américaines. La transition télévisuelle est rapide avec la série Adventures of Superman qui arrive sur les écrans dès 1952.


Superman 1952 : Le cheval gagnant

superman

Ce succès ne se dément pas durant ses six années d’existence. Le show y perfectionne ses aspects techniques et scénaristiques. On observe néanmoins, que malgré une grande rigueur qui défend les valeurs patriotiques américaines et vante son modèle sociétal (histoire de faire bonne presse...), la série se montre nettement plus fantasque. Les producteurs ne sont guère complexés de s’affranchir du matériel d’origine pour transposer le natif de Krypton dans du western et de l’horrifique.

 

 

Batman 1966 : « le grand n’importe quoi »


batmanCette tendance à s’émanciper franchement de l’œuvre initiale se retrouve dans la deuxième série notable dédiée aux super héros : Batman, débarquant sur les écrans en 1966. Loin de la noirceur inhérente à l’univers du justicier de Gotham City, ses péripéties se distinguent par une esthétique pop-art (bien kitch au regard contemporain) qui sont avant tout destinées à un public enfantin. Blagues potaches, gags en tout genre, gadgets ridicules, et dialogues abracadabrants, sont autant d’éléments qui nous indique que le show ne se prend pas beaucoup au sérieux.

 


Années 70 : Plus de sérieux et de maturité


wonderwoman

Pour des récits plus complexes et respectueux des comics, il faudra attendre les années 70. Principalement avec deux séries : L’incroyable Hulk (1977-1982) et Wonder Woman (1975-1979). Dans la première, on suit les péripéties schizophréniques de David Banner, sorte de Dr Jekyll et Mr Hyde surpuissant. Ses pouvoirs lui apparaîtront surtout comme une malédiction car il n’a aucun contrôle sur Hulk, son alter égo monstrueux, colérique et destructeur.
La seconde introduit quelques thématiques féministes avec en protagoniste principal une super-héroïne luttant souvent contre des hommes.
Ces héros, avec leurs faiblesses, apparaissent plus humains avec cependant une approche physique et des silhouettes athlétiques qui priment sur les costumes.

 


Années 1990 : L’émergence d’un nouveau modèle


loisetclarkSi le genre accuse une certaine stagnation au cours des décennies suivantes, la sortie du Batman de Tim Burton (1989) lui donnera un bon coup de fouet. Sombre, torturée, gothique et anxiogène, cette nouvelle adaptation des aventures de l’homme chauve-souris rapporte l’équivalent de 400 millions de dollars, de quoi faire réfléchir programmeurs et investisseurs.
C’est dans ce contexte foisonnant qu’apparaît une série emblématique : Loïs et Clark : Les nouvelles aventures de Superman (1993-1997). Plus complexe et réservé, Superman voit désormais sa vie privée aussi détaillée que ses aventures. Sa compagne, Loïs, est aussi importante que lui dans le récit. Indépendante, cette figure rompt avec la longue tradition de femmes en détresse qu’il faut sauver ou égéries sexy à désirer, dont le genre était jusque-là coutumier.

Années 2000 : Fin de l’accession


smallvilleCette propension à faire cadrer les supers héros à des contextes réalistes se retrouve tout au long des années 2000. L’une des séries les plus représentatives est Smallville (2001-2011). Clairement destiné à un public adolescent, le feuilleton bénéficie d’effets spéciaux convaincants, grâce aux techniques numériques. On y suit l’adolescence de Superman, pas encore révélé au rang de justicier inébranlable. Souvent en proie au doute, on le découvrira dans son intimité, ses rapports sentimentaux et sa vie familiale.
Si les supers héros bénéficient d’un large public, ils n’ont pas encore l’omniprésence qu’on leur connaît aujourd’hui. La trilogie cinématographique de Batman par Christopher Nolan (2005-2012) et celle de Spider-Man par Sam Raimi (2002-2007) ouvrent définitivement la voie. Immersifs, réalistes, et conséquemment réalisés, ces films rencontrent un vaste succès international (Plus de 5 milliards de dollars de recettes combinées). L’idée courre désormais dans l’industrie cinématographique, que les supers héros sont « super rentables ».

Aujourd’hui : l’omniprésence des supers héros


arrowAujourd’hui ils sont partout. Jusqu’à devenir la caricature du film de studio hollywoodien, comme l’étaient les péplums dans les années 50. Les films de super-héros sont désormais un produit facile à vendre, bénéficiant d’une popularité bien établie auprès d’une large communauté. Cette blockbusterisation du genre n’a pas épargné les séries, qui comptent désormais une production importante dédiée à ce type d’œuvres.
Les investissements sont colossaux et le parti du réalisme est souvent privilégié. Cela se traduit par des récits violents où les héros sont souvent partagés entre leur idéalisme de justicier et les réalités concrètes de l’application de celui-ci. On pense par exemple à Green Arrow, personnage principal d’Arrow (depuis 2012), qui n’hésite pas à tuer ses ennemis sans hésitation.


Le mot de la fin


Difficile d’apporter une conclusion sur un sujet aussi vaste qui a connu une pareille longévité, et un nombre incalculable de mutations. Dominant une industrie qui les a longtemps dénigrés, les super-héros sont maintenant une composante importante de notre univers culturel. Au risque de lasser... En effet, le marketing agressif, la tendance à sortir des personnages anecdotiques des fonds de tiroir, l’uniformisation de la production et des scénarisations, commencent à faire soupirer une partie du public.
Cependant moins exposées que le cinéma, les séries savent tirer leur épingle du jeu, en présentant des récits plus complexes et moins soumis aux pressions des exigences hollywoodiennes.

 

Héritiers directs des figures de la mythologie grecque et des personnages emblématiques du roman feuilleton, les supers héros modernes se sont durablement imposés dans la culture populaire. Dotés de pouvoirs et de capacités hors du commun, affublés de costumes distincts et bénéficiant généralement d’une identité secrète, ces justiciers d’un genre nouveau voient le jour dans l’Amérique des années 30. D’abord via la bande dessinée (dit« Comics » Outre-Atlantique), qui donne naissance en 1938 au premier super héros moderne : Superman. Les vannes étant ouvertes, une flopée de super-héros apparaît. Rapidement, leurs péripéties sont déclinées dans des expressions artistiques aussi diverses que des feuilletons radiophoniques, des sérials, des dessins animés et enfin des séries télévisées.

superheros

 

 

Des sérials à la série télé : les débuts difficiles


Les premières apparitions audiovisuelles de super-héros se font dans un contexte particulièrement tendu. En effet dans cette ère de Maccarthysme triomphant qu’est le début des années 50, les comics sont accusés de tous les maux : perversion de la jeunesse, vulgarité, incitation au crime et à la consommation de drogues et facteur d’avilissement mental. Les ventes en sont fortement impactées. Cela poussera nos héros costumés à entrer d’abord par la petite porte du cinéma, via les sérials : des films à budgets et à durées limitées, pullulant dans les nombreux cinémas de quartiers des grandes villes américaines. La transition télévisuelle est rapide avec la série Adventures of Superman qui arrive sur les écrans dès 1952.


Superman 1952 : Le cheval gagnant

superman

Ce succès ne se dément pas durant ses six années d’existence. Le show y perfectionne ses aspects techniques et scénaristiques. On observe néanmoins, que malgré une grande rigueur qui défend les valeurs patriotiques américaines et vante son modèle sociétal (histoire de faire bonne presse...), la série se montre nettement plus fantasque. Les producteurs ne sont guère complexés de s’affranchir du matériel d’origine pour transposer le natif de Krypton dans du western et de l’horrifique.

 

 

Batman 1966 : « le grand n’importe quoi »


batmanCette tendance à s’émanciper franchement de l’œuvre initiale se retrouve dans la deuxième série notable dédiée aux super héros : Batman, débarquant sur les écrans en 1966. Loin de la noirceur inhérente à l’univers du justicier de Gotham City, ses péripéties se distinguent par une esthétique pop-art (bien kitch au regard contemporain) qui sont avant tout destinées à un public enfantin. Blagues potaches, gags en tout genre, gadgets ridicules, et dialogues abracadabrants, sont autant d’éléments qui nous indique que le show ne se prend pas beaucoup au sérieux.

 


Années 70 : Plus de sérieux et de maturité


wonderwoman

Pour des récits plus complexes et respectueux des comics, il faudra attendre les années 70. Principalement avec deux séries : L’incroyable Hulk (1977-1982) et Wonder Woman (1975-1979). Dans la première, on suit les péripéties schizophréniques de David Banner, sorte de Dr Jekyll et Mr Hyde surpuissant. Ses pouvoirs lui apparaîtront surtout comme une malédiction car il n’a aucun contrôle sur Hulk, son alter égo monstrueux, colérique et destructeur.
La seconde introduit quelques thématiques féministes avec en protagoniste principal une super-héroïne luttant souvent contre des hommes.
Ces héros, avec leurs faiblesses, apparaissent plus humains avec cependant une approche physique et des silhouettes athlétiques qui priment sur les costumes.

 


Années 1990 : L’émergence d’un nouveau modèle


loisetclarkSi le genre accuse une certaine stagnation au cours des décennies suivantes, la sortie du Batman de Tim Burton (1989) lui donnera un bon coup de fouet. Sombre, torturée, gothique et anxiogène, cette nouvelle adaptation des aventures de l’homme chauve-souris rapporte l’équivalent de 400 millions de dollars, de quoi faire réfléchir programmeurs et investisseurs.
C’est dans ce contexte foisonnant qu’apparaît une série emblématique : Loïs et Clark : Les nouvelles aventures de Superman (1993-1997). Plus complexe et réservé, Superman voit désormais sa vie privée aussi détaillée que ses aventures. Sa compagne, Loïs, est aussi importante que lui dans le récit. Indépendante, cette figure rompt avec la longue tradition de femmes en détresse qu’il faut sauver ou égéries sexy à désirer, dont le genre était jusque-là coutumier.

Années 2000 : Fin de l’accession


smallvilleCette propension à faire cadrer les supers héros à des contextes réalistes se retrouve tout au long des années 2000. L’une des séries les plus représentatives est Smallville (2001-2011). Clairement destiné à un public adolescent, le feuilleton bénéficie d’effets spéciaux convaincants, grâce aux techniques numériques. On y suit l’adolescence de Superman, pas encore révélé au rang de justicier inébranlable. Souvent en proie au doute, on le découvrira dans son intimité, ses rapports sentimentaux et sa vie familiale.
Si les supers héros bénéficient d’un large public, ils n’ont pas encore l’omniprésence qu’on leur connaît aujourd’hui. La trilogie cinématographique de Batman par Christopher Nolan (2005-2012) et celle de Spider-Man par Sam Raimi (2002-2007) ouvrent définitivement la voie. Immersifs, réalistes, et conséquemment réalisés, ces films rencontrent un vaste succès international (Plus de 5 milliards de dollars de recettes combinées). L’idée courre désormais dans l’industrie cinématographique, que les supers héros sont « super rentables ».

Aujourd’hui : l’omniprésence des supers héros


arrowAujourd’hui ils sont partout. Jusqu’à devenir la caricature du film de studio hollywoodien, comme l’étaient les péplums dans les années 50. Les films de super-héros sont désormais un produit facile à vendre, bénéficiant d’une popularité bien établie auprès d’une large communauté. Cette blockbusterisation du genre n’a pas épargné les séries, qui comptent désormais une production importante dédiée à ce type d’œuvres.
Les investissements sont colossaux et le parti du réalisme est souvent privilégié. Cela se traduit par des récits violents où les héros sont souvent partagés entre leur idéalisme de justicier et les réalités concrètes de l’application de celui-ci. On pense par exemple à Green Arrow, personnage principal d’Arrow (depuis 2012), qui n’hésite pas à tuer ses ennemis sans hésitation.


Le mot de la fin


Difficile d’apporter une conclusion sur un sujet aussi vaste qui a connu une pareille longévité, et un nombre incalculable de mutations. Dominant une industrie qui les a longtemps dénigrés, les super-héros sont maintenant une composante importante de notre univers culturel. Au risque de lasser... En effet, le marketing agressif, la tendance à sortir des personnages anecdotiques des fonds de tiroir, l’uniformisation de la production et des scénarisations, commencent à faire soupirer une partie du public.
Cependant moins exposées que le cinéma, les séries savent tirer leur épingle du jeu, en présentant des récits plus complexes et moins soumis aux pressions des exigences hollywoodiennes.

 

Focus : Batman

batmandvdBatman : la série animée
Bruce Timm, Eric Radomski
4 saisons (1992-1995)

On n’a guère pris le temps d’évoquer les séries animées de supers héros dans cet article. Pourtant, elles ont longtemps constitué l’ancrage audiovisuel le plus solide, pour s’immerger dans l’univers bariolé des justiciers à capes et collants. De l’avis du public comme des critiques, la meilleure d’entre elles fut celle dédiée à Batman, apparue au début des années 90. Le feuilleton aura marqué une génération entière de spectateurs (dont votre serviteur), et constitue encore aujourd’hui une référence incontournable. Loin des irrationnelles dévotions nostalgiques propres à l’époque, la série impose ses qualités à l’œil contemporain d’entrée de jeu. Un générique incroyable, des musiques dantesques, des scénarios hallucinants à faire tomber en pamoison un scénariste hollywoodien et une animation soignée. Rajoutons une galerie de méchants inoubliables (La série se permet même d’en ajouter de nouveaux, telle Harley Quinn, amante psychopathe du Joker), et rien ne pouvait faire obstacle à ce que cette œuvre passe la postérité. On ne peut que se réjouir de la prochaine réédition en blue ray.

Smallville

 smallvilledvdSmallville

Alfred Gough, Miles Millar

10 saisons (2001-2011)

« Somebody saaaave me ! ». Dès les premières notes du générique, toute une génération s’éprendra de nostalgie. Cette série qui a marqué son époque, répond à la question suivante : qui est Superman avant d’être Superman ? Smallville détaille donc l’adolescence du natif de Krypton. Un parcours semé d’embûches, où notre héros devra se forger un code moral, découvrir ses capacités et les employer au meilleur escient, essayer de se fondre dans la masse, et bien entendu, surmonter les difficultés inhérentes à tout jeune homme qui se respecte.

Le frelon vert

frelon vertLe frelon vert
William Dozier
1 saison (1966-1967)

Diffusée la même année que la série Batman, Le frelon vert aura fait un flop (arrêt dès la fin de la première saison). On y suit les péripéties du rédacteur en chef d’un journal, s’improvisant justicier. « Le frelon vert », car tel était son nom, se voit assisté par son majordome expert en arts martiaux. Ce dernier est joué par Bruce Lee, pas encore consacré en star internationale. Ce qui contribua par la suite à relancer l’intérêt du public pour la série et lui faire acquérir un statut culte.

Spawn

spawnSpawn
Todd McFarlane
3 saisons (1997-1999)

Ovni total dans l’univers des comics, le personnage de Spawn constitue un genre à lui tout seul : le super anti-héros. Incertain, cruel, ultraviolent, contradictoire, et psychopathe, cet agent-secret assassiné revenu à la vie comme général des enfers, applique une justice ambigüe dans un New-York dépravé. Cette série animée concentre une intrigue sombre voire glauque, sanglante, et haletante. Que l’on ne se méprenne pas, bien qu’il s’agisse techniquement d’un dessin animé, il n’y a rien ici pour les enfants..

.

Sécurité. Pour accéder au portail de votre bibliothèque, merci de confirmer que vous n'êtes pas un robot en cliquant ici.

Arrow

 arrowdvdArrow

Andrew Kreisberg, Greg Berlanti, Marc Guggenheim

5 saisons (depuis 2012)

Laissé pour mort durant cinq ans lors d’un naufrage, le jeune milliardaire Oliver Queen revient dans sa ville de Starling City. Autant dire qu’il n’aime pas ce qu’il y trouve et face au délabrement et à la corruption généralisée, décide de « nettoyer » l’endroit. Ainsi naît « Green Arrow », super-héros archer partisan de méthodes radicales.

Daredevil

daredevildvdDaredevil
Drew Goddard
2 saisons (depuis 2015)

Cette série a conquis les critiques comme le public, bien au-delà des cercles habituels d’amateurs du genre. Jusqu’à devenir le maître étalon de la série de super-héros. Avec violence, décomplexions, et une réalisation sans failles, on y suit le parcours compliqué du fameux justicier aveugle. Avocat le jour, «Daredevil» mène une guerre sans merci au crime organisé new-yorkais, une fois la nuit tombée.

Gotham

gothamGotham
Bruno Heller
4 saisons (depuis 2014)

Les fans de Batman le savent bien : entre le jeune Bruce Wayne assistant à l’assassinat de ses parents et le Bruce Wayne adulte devenant justicier masqué, il y a un vide. Cette série propose de combler la brèche, en détaillant le parcours du jeune milliardaire orphelin, accompagné de son fidèle serviteur Alfred et de l’inspecteur James Gordon. Les plus emblématiques ennemis de Batman y font également leur apparition.

 

Vous devez vous connecter pour proposer un commentaire.

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies. Ces cookies sont utilisés pour réaliser des statistiques de visites.